La parfumerie est un domaine qui regorge de techniques et de savoir-faire ancestraux visant à extraire le meilleur des matières premières odorantes pour créer des essences et des parfums exceptionnels. L’une de ces techniques, méconnue du grand public, se nomme l’enfleurage. Celle-ci consiste à placer les fleurs entre des couches de graisse animale ou végétale pour absorber les molécules odorantes. Dans ce texte, nous vous proposons de découvrir cette méthode en détail, ainsi que son utilisation dans la fabrication de parfums.

Le processus d’enfleurage : comment ça marche ?

L’enfleurage est une technique ancienne, utilisée depuis le XVIIIe siècle, principalement en France et en Italie. Son but est de capturer l’essence des fleurs sans altérer leur parfum naturel. Le processus d’enfleurage se déroule en plusieurs étapes :

  1. La sélection des fleurs : l’enfleurage ne peut être réalisé qu’avec des fleurs fraîches et non fanées. Les fleurs doivent être choisies avec soin et récoltées au bon moment, généralement tôt le matin, lorsque leur taux de molécules odorantes est le plus élevé.
  2. La préparation des châssis : les fleurs sont ensuite disposées sur des châssis recouverts de graisse. Soit animale (saindoux), soit végétale (huile de coco par exemple). Les fleurs ne doivent pas entrer en contact les unes avec les autres. Cela afin d’éviter que les parfums ne se mélangent.
  3. L’absorption des senteurs : les châssis sont empilés et laissent reposer pendant plusieurs jours (de 24 à 72 heures). Afin que la graisse absorbe les molécules odorantes des fleurs. Cette étape est cruciale et demande une attention toute particulière, car c’est à ce moment-là que l’extraction du parfum a lieu.
  4. Le renouvellement des fleurs : les fleurs sont remplacées régulièrement jusqu’à ce que la graisse soit saturée de parfum. Ce processus peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il nécessite un grand nombre de fleurs pour obtenir une quantité suffisante de parfum.
  5. L’extraction du parfum : une fois la graisse saturée de parfum, on procède à l’extraction des molécules odorantes en utilisant un solvant, généralement de l’alcool. Le mélange obtenu est ensuite filtré pour récupérer l’extrait parfumé, appelé “pommade” ou “absolue” selon la méthode d’extraction employée.

Les avantages et les limites de l’enfleurage

La technique de l’enfleurage présente plusieurs avantages :

  • Elle permet d’extraire les senteurs délicates de fleurs fragiles et éphémères. Comme le jasmin ou la tubéreuse, qui ne supportent pas les techniques d’extraction à chaud.
  • La méthode est entièrement naturelle et respectueuse des matières premières. Puisqu’elle n’utilise ni chaleur ni solvant agressif pour extraire les parfums.
  • L’enfleurage à froid préserve au mieux la qualité olfactive des fleurs, notamment leur fraîcheur et leur subtilité, contrairement aux méthodes plus modernes qui peuvent modifier le parfum original.

Cependant, l’enfleurage présente également certaines limites :

  • La technique est très coûteuse en temps et en main-d’œuvre. Elle nécessite un grand nombre de fleurs, un renouvellement régulier et un travail minutieux pour obtenir des résultats satisfaisants.
  • Le rendement de l’enfleurage est faible, ce qui explique que cette méthode soit surtout utilisée pour des parfums de niche ou des créations haut de gamme.
  • Les graisses utilisées pour l’enfleurage peuvent parfois ajouter une note olfactive indésirable dans le produit final.

Les alternatives à l’enfleurage dans la fabrication de parfums

S’il existe aujourd’hui des techniques d’extraction plus modernes et moins coûteuses que l’enfleurage, celle-ci reste appréciée des parfumeurs et des amateurs de senteurs naturelles pour sa capacité à préserver la qualité olfactive des fleurs. Parmi les alternatives à l’enfleurage, on peut notamment citer :

  1. La distillation à la vapeur : cette technique consiste à faire passer de la vapeur d’eau à travers les matières premières odorantes. Libèrant ainsi leurs molécules parfumées. La vapeur est ensuite refroidie et condensée pour donner un liquide parfumé, appelé “essence” ou “huile essentielle”.
  2. L’extraction au CO2 supercritique : ce procédé innovant utilise du dioxyde de carbone dans des conditions de température et de pression particulières. Ceci pour extraire les substances odorantes des matières premières. Il a l’avantage d’être très sélectif et de préserver la qualité olfactive des extraits, tout en étant plus rapide et moins coûteux que l’enfleurage.
  3. Les solvants volatils : l’utilisation de solvants chimiques tels que l’hexane ou l’éther permet également d’extraire les parfums des matières premières. Cette méthode est critiquée pour son impact environnemental et les risques qu’elle présente pour la santé.

Ainsi, bien que l’enfleurage soit une technique ancienne et coûteuse. Elle reste une référence en matière d’extraction de senteurs délicates et raffinées. Les parfumeurs et les amateurs de parfums authentiques continuent d’apprécier cette méthode pour sa capacité à préserver la qualité olfactive des fleurs et à respecter les matières premières. Les alternatives modernes, bien que plus rapides et moins coûteuses. Cependant elles peinent encore à égaler l’enfleurage en termes de pureté et de subtilité des senteurs obtenues.